top of page
2022_04_Desmos_Fond_Affiche.jpeg

     Les musiques traditionnelles et populaires en Grèce jouissent aujourd'hui d'un héritage culturel situé entre Orient et Occident. Les lieux de diffusion et les contextes pour les écouter sont multiples. N'importe quel voyageur, comme j'ai pu l'être, peut s’imprégner et réaliser la richesse de préservation des coutumes musicales ainsi que leur large popularité. En se rendant dans une taverne, un restaurant, une fête de village (une « panigiri »), une cérémonie religieuse, des évènements festifs, des concerts, etc.,  il pourra découvrir le rébétiko ou le laïko, s'insérer dans les danses et musiques démotiques (du peuple), entendre les chants ecclésiastiques, écouter la musique classique ottomane ou observer des rituels.

     La Grèce est pourvue de pratiques culturelles similaires à tous ses pays voisins (Turquie, Bulgarie, Albanie, Macédoine du Nord) voire au-delà pour deux raisons principales : une histoire commune basée sur une organisation ottomane et ses nombreux mouvements de populations. Alors que de nombreuses communautés coexistaient pendant la période ottomane (à partir du XIV ème siècle), il vint un temps où il  fallut choisir – de gré ou de force – sa nation, son langage et sa religion (fin du XIX ème et début du XXème siècle). Après le fantasme des nationalistes d'une « Grande Grèce », elle vit ses frontières se limiter à un espace européen, privé de ses côtes égéennes ainsi que de « La Ville » : Constantinople (Istanbul).

     Mais à l'intérieur de son territoire, une population mixte cohabite toujours. La rivalité gréco-turque a ainsi longtemps nourri les récits et chansons tandis qu'une grande vague de réfugiés a importé son patrimoine. L'exode rural a également favorisé la diffusion des musiques dans tout le pays, grâce à une rencontre entre les musiciens urbains et démotiques. Enfin, les échanges commerciaux et militaires ont aussi contribué à nourrir une culture grecque grâce à l'apport d'instruments nouveaux et de formes musicales nouvelles. Au regard des singularités que les nations se sont cherchées afin de se démarquer, celle de la Grèce a consisté à rejeter d'abord tous les éléments orientaux pour finalement les reconnaître comme faisant partie du patrimoine oral et culturel de ses habitants.

     Ainsi, la cohabitation ethnique et les nombreux mouvements de populations au sein de l'Empire ottoman puis de la Grèce ont participé à multiplier les traditions, à offrir une large palette de coutumes, de pratiques, de styles musicaux, et même de dialectes à la Grèce actuelle. Ce lien entre les peuples, entre « Levant » et « Couchant », nous a inspiré le patronyme du quartet : « Desmos » (le lien). Un héritage riche et complexe, que nous explorons tout en le faisant nôtre dans ce 1er album : « Nerantzia ».

Gaëtan Coutable

bottom of page